Un peu d'histoire au travers de trois illustres ostéopathes
Andrew Taylor Still 1828-1917
Né le 6 Août 1828 en Virginie aux états unis d’Amérique. Andrew Taylor STILL, est le fils d’Abram Still, un pasteur de confession méthodiste, qui exerce la médecine et l’agriculture dans le Missouri.
Still s’engagera le 6 Septembre 1861 dans les milices du Kansas pour l’armée de l’Union, au 9ème de cavalerie (les armées du Nord), pour combattre l’idée de l’esclavagisme. Les années que Still va passer comme officier major, dans la guerre n’arrangeront rien à ses doutes sur la médecine. La guerre en effet tue plus d’hommes par infection et maladie que par blessures de guerres. Cela était principalement du au manque d’hygiène mais aussi à la pratique encore en vigueur de la médecine héroïque. Still est engagé comme intendant à l’hôpital, mais ses compétences seront aussi utilisées comme chirurgien. Pendant ces trois années il parfait ses connaissances anatomiques en opérant les blessés. Il soigne, les bobos, les blessures par balles à l’arme blanche, il ampute de grands blessés…avec les moyens du bord, et devient reconnu pour ses qualités de praticien.
En Février 1864 il perd 3 de ses enfants de méningite cérébrospinale lors d’une épidémie. Seule Marusha 15 ans survit. C’est à travers l’impuissance à soulager son prochain, la souffrance consécutive à la perte d’êtres chers, et à cause de son aversion naturelle pour les drogues que Still remis en cause le système médical de l’époque. Il en vient à douter de ses thérapeutiques, d’autant qu’il est persuadé de son inefficacité, et qu’il estime qu’elle peut être parfois plus dangereuse que la maladie elle-même. Il est tellement perturbé par ce destin que Dieu lui fait subir, qu’il refuse même pendant un moment de soigner les enfants de ses voisins.
Dans le domaine médical, il soigne les Indiens et les fermiers. Au cours des échanges qu’il a, il apprend les techniques de rebouteux.
Il fait aussi de fréquentes visites des tombes des indiens pour étudier les nerfs et les veines sans rien couper. Plus tard il prendra les squelettes chez lui pour les disséquer. Il réalisera des milliers d’expériences de tout ordre. Son travail inlassable explique ses remarquables connaissances en anatomie. Sa maison est couverte de planches d’anatomie, et il lit tous les ouvrages disponibles sur l’anatomie. Son ami Abbott sera pour lui un véritable mécène grâce à sa bibliothèque hors paire, qu’il consultera fréquemment.
Au bout de 10 années de recherches et de nombreux succès médicaux sur la dysenterie, l’asthme…, le 22 juin 1874 il décide de créer son courant médical : L’OSTEOPATHIE (Du grec «os » et de pathos «venant de »)
Still continue à soigner ses patients avec des manipulations et des ajustements vertébraux. Son succès est grandissant et les résultats nombreux, il devient de fait le premier « ostéopathe » de l’histoire. Petit à petit, devenant gênant, on dit qu’il est « possédé par le Démon », et qu’il est un pécheur incorrigible. Still attirera toujours l’attention car il était tout de noir vêtu et portait sur son dos un sac rempli d’os. Sa situation devient difficile et il est prié de quitter la ville.
En Mars 1875, il s’installe comme magnétiseur. Sa vie n’est pas facile, et bien souvent il en arrive à douter de lui même, et des choix qu’il impose à sa famille. Sa situation financière est très difficile, mais ses convictions le feront tenir.
Après quelques 10 à 15 années de pratique sa popularité grandit et les médecins commencent à pâtir de son exercice. Ils essayeront de le condamner pour pratique de la médecine sans licence mais sans succès car il était enregistré dans deux comtés. L’approche mécanique de Still, qui regarde le corps entier comme un système de parties intimement reliées et coordonnées, et sa foi dans les pouvoirs de guérison de la nature auront de plus en plus de signification pour les gens.
Still a 63 ans, et sa période de vache maigre est enfin est terminée, il sort de l’ombre et devient reconnu ! Cet été là son cabinet d’ostéopathe est rempli de patients qui débarquent dans la petite ville soit à pieds, à cheval, ou en train. Le succès est enfin au rendez vous. En Décembre 1891, il demande à son fils Charles, d’aller trouver le juge Ellison afin d’obtenir la Charte pour son école qu’il appelle American School of Osteopathy.
Très vite sa réputation et celle de l’ostéopathie, dépassent les frontières, et de nombreux étrangers viennent suivre ses cours. L’ostéopathie réalise ses avancées grâce à ses résultats, et les gens sont venus à Kirksville de tous les pays du monde, à la recherche d’une guérison que les vieilles écoles étaient incapables de leur donner.
En 1914 après avoir passé les dernières années à écrire ses connaissances pour transmettre, Still fit un ictus cérébral à la suite duquel il ne recouvra jamais complètement la parole. Dès lors sa santé se dégrada, et ses dernières années furent difficiles. Il mourut le 12 décembre 1917.
Citations célèbres d’A.T.Still :
- À coup sûr, la vie est une substance très subtilement préparée, force animatrice de la Nature, ou encore, force qui anime toute la nature, des univers aux atomes.
- Nous ne pouvons faire plus qu’entretenir les lois de la vie que la nature a données à l’homme et leur faire confiance.
- En premier, le corps matériel, en second, l'être spirituel, en troisième, un être de pensée de loin supérieur à tous les mouvements vitaux et aux formes matérielles, dont le devoir est de diriger sagement ce grand mécanisme de vie.
- La sagesse de l'architecte de la Nature existe dans chaque goutte de votre sang.
- Je trouve en l'homme un univers en miniature. Je trouve la matière, le mouvement et l'esprit.
- Connaître tout d'un os, dans son entier, nécessiterait l'éternité.
- Je crois que la loi de la vie lorsqu'elle est sagement comprise, est à la fois simple et naturelle.
William Garner Sutherland 1873-1954
Journaliste à l'Austin Daily Herald, il rencontre l'univers des ostéopathes à travers la guérison de son frère. Il décide de prendre d'abord un congé sans solde à Kirsville pendant un an puis choisit pour la vie l'ostéopathie.
Le 28 juin 1900, il sort diplômé de l'Américan School of Ostéopathie crée par A.T Still. C'est au cours de ses études qu'il dit avoir eu sa première intuition de la mobilité des os du crâne
L'idée germa en contemplant les os désarticulés d'un crâne exposé dans le Hall nord du bâtiment de l'A. T. Still Infirmary. Les surfaces articulaires de ces os me semblèrent par leur contour destinées pour une mobilité articulaire.
C'est alors que W. G. Sutherland se mit, à l'aide d'une pointe de canif, à désarticuler des crânes.
Et cette approche patiente, minutieuse, approfondie, est de la plus haute importance. Elle révèle que les dessins des articulations sont réciproques, et s'inspirent de types mécaniques qui pourraient permettre un léger glissement. Stupéfait, Sutherland ne peut prouver l'immobilité. Il entreprend alors, manuels de mécanique en main, de faire l'inventaire précis de chaque os, de chaque surface, de chaque angle, de chaque trou, etc. et d'analyser les gouttières, engrenages, charnières, crochets, poulies, points d'appui et autres dessins, qui sembleraient sans objet dans un dôme inflexible.
Obsédé par sa découverte, il garda pour lui de nombreuses années le fruit de ses recherches :
Il commença par étudier sur lui les conséquences possibles d'une lésion ostéopathique. Il essaya par divers procédés de comprimer ou de déformer son propre crâne. Les effets obtenus par ses auto-expériences, les douleurs de lésions provoquées par des soins dentaires ou par un traumatisme, leur disparition par auto traitement grâce à ses connaissances anatomiques et à son habileté technique, le convainquirent qu'il pouvait commencer sans risque à traiter ses patients. L'intérêt pour le concept qu'il défendait grandissant, au cours de l'été 1932, il fut invité à venir exposer ses idées à la convention nationale des ostéopathes.
Sutherland meurt le 23 septembre 1954, dans sa 84e année.
Sur son lit de mort, il a fait promettre à Harold Magoun de répandre le concept et le traitement crâniens en Europe où l'ostéopathie, pas institutionnalisée, laisse les esprits, pense-t-il, vierges de tous préjugés. Magoun, fidèle à sa promesse, rencontra le Dr Brooks, un ostéopathe anglais qui avait fait ses études aux U. S. A., et tentait d'intéresser les Anglais. Ces derniers, enfermés dans la vertébrothérapie, refusaient de se remettre en question. Brooks dit "j'ai des amis français, il faut absolument leur en parler"
Citation de W.G Sutherland :
Permettre à la fonction vitale interne de manifester sa puissance infaillible, plutôt que d'appliquer une force aveugle venue de l'extérieur.
Maurice Raymond Poyet 1928-1996
Maurice-Raymond Poyet est né en 1928, dans un petit village de la montagne Bourbonnaise, à Ferrières sur Sichon (03). Son enfance se déroule à Cusset, dans la banlieue de Vichy. Issu d’une famille modeste, confronté à la pauvreté, il devra arrêter sa scolarité à 11 ans. A 17 ans, trichant sur son âge, il s’engage dans l’armée de terre pour partir au combat en Indochine. Mais à son arrivée l’administration militaire s’aperçoit de la supercherie. Ne pouvant être envoyé au front et l’administration ne voulant pas payer son billet de retour, il est muté à l’infirmerie. C’est là que son histoire va commencer. Il accède, sur le tas, à la qualification d’infirmier et il découvre avec un vietnamien quelques rudiments de médecine énergétique chinoise. Cinq ans plus tard, en 1950, démobilisé de la grande muette, il rentre en France et trouve un poste d’infirmier à l’hôpital de Paray-le-Monial (71).
En 1946 a été créé le titre de masseur-kinésithérapeute, et pendant 10 ans (jusqu’en 1956 donc) il est possible, en particulier pour les infirmiers qui pratiquaient le massage, d’obtenir une équivalence ! Maurice Poyet profitera de cette opportunité, et en ayant acquis le titre, il ouvrira un cabinet de masso-kinésithérapie à Paray-le-Monial où il exercera jusqu’en 1976. En 1975 la première école d’ostéopathie française voit le jour (avec en particulier parmi ses membres fondateurs un certain André Brunel), c’est le « Collège National des Ostéopathes ». Qui sera renommé l’année suivante en
« Institut W. G. Sutherland ».
C’est là que Maurice Poyet se formera à l’ostéopathie, et fera la connaissance d’André Brunel qui a emmagasiné une immense somme de connaissances, il a un esprit unifiant et constructeur, Maurice a une grande intuition et une "main" hors normes, ils commencent à partager leurs savoirs, leurs pratiques, leurs expériences, leurs idées. Il acquiert les techniques ostéopathiques de l’époque, du crânien très classique, le début du viscéral, des techniques structurelles.
Il revient alors à Cusset, sa ville d’origine, où il ouvre un nouveau cabinet pour exercer ses nouvelles pratiques de kinésithérapeute et ostéopathe. A ce moment là, outre ce qu’il a appris, il a déjà une main de grande qualité et surtout une approche intuitivement très douce. Pour ce que nous savons du reste de sa formation, il est avéré qu’il a suivi des cours auprès de Robert Courbon (acupuncture) et que très probablement il a bénéficié de l’enseignement de Denis Brookes.
Pendant ce temps André Brunel (qui avant le CNO et l’IWGS, avait déjà participé à la naissance de l’étiopathie à Genève en 1963) fonde à Lyon, la « Fédération André Brunel » (FAB). En 1983 il invite Maurice Poyet à venir enseigner avec lui. Joëlle, la fille de Maurice Poyet fera sa formation en ostéopathie à cette même FAB ! André Brunel est assurément un personnage clef de l’ostéopathie et de l’acupuncture en France, formé entre autre chez De Sambucy, il a accumulé une somme de connaissances impressionnantes, tant pour les ostéopathes qu’en acupuncture et médecines orientales, mais aussi en neurologie et médecine viscérale, connaissances fondamentales qui seront toujours mises au service de la pratique et d’un esprit épris de synthèses.
La même année c’est cette fois-ci Maurice qui invite André … à venir travailler dans son cabinet de Cusset … comme … piquelier (entendez acupuncteur) ! André et Maurice commencent à partager leur savoir, leur pratique, leurs expériences, leurs idées. En 1984, à la suite d’un conflit avec les co-fondateurs, André Brunel et Maurice abandonnent la FAB, et rapatrient leurs élèves à Cusset. De là naitra le GROE qui deviendra ARTHEMIS avec l’arrivée de Michel Magnaval. André Brunel enseigne le viscéral, la neurologie, Michel Magnaval apporte ses talents de dessinateur et son sens de la structuration et de la systématisation.
C’est avec son aide, et celle de sa fille Joëlle, que Maurice rédigera son premier livre, qu’il publiera en 1990 (un second ouvrage en préparation n’aura pas l’occasion de voir le jour). Maurice Poyet est au faît de son activité, son cabinet d’ostéopathe tourne à plein, l’école prend de l’essor. C’est une véritable émulation pour lui. Il continue à progresser dans ses techniques, développe régulièrement de nouveaux outils. L’école est un lieu d’échange, de partages. Au cabinet, il vérifie, il confirme … Le décès prématuré de son fils en 1988 le plonge dans une souffrance dont il se protégera par un surcroît de travail … au détriment de sa santé.
Le 28 octobre 1996 Maurice Poyet s’éteint, laissant derrière lui une œuvre aussi monumentale qu’originale… et de nombreux élèves passionnés désireux de poursuivre son œuvre…
Source : Fédération Internationale des Enseignants en Méthode Poyet